Entrevue

Bien que le mois de l’autisme tire à sa fin, rien ne se termine en matière de sensibilisation et d’ouverture face à la différence. Nous vous présentons une entrevue écrite réalisée avec Dominic Couture, un autiste très impliqué de 28 ans. Sans prétention, nous espérons que ses réponses puissent vous aider à comprendre et accepter les gens tels qu’ils sont.

Au quotidien, comment vivez-vous avec votre différence?

Je vis très bien avec ma différence depuis que je le sais.

Trouvez-vous que l’école est/était  bien adaptée à l’autisme et aux autres différences?

Non!

Bénéficiez-vous de services actuellement?

J’ai accès à des mesures d’aide aux étudiants handicapés (je déteste l’appellation), comme avoir plus de temps aux examens, etc.

Quelles sont vos principales difficultés par apport au manque de structure sociale?

En termes de structure, je suis très hiérarchique quand je suis avec les autres, c’est-à-dire que je fais une démarcation très nette entre mes amis bien établis, mes ‘important people’ (expression tirée de Naruto) et des connaissances et des ‘chums’. Je suis venu à penser de cette façon peu avant mon diagnostic.

Est-ce difficile pour vous de sociabiliser, de maintenir des relations d’amitiés?

Oui, mes phobies sociales, ma peur des faux-pas et mes fatigues sociales rendent le tout compliqué à l’occasion. Pour ce qui est des relations d’amitié, je ne sais jamais comment les réparer si quelque chose arrive, alors je préfère me taire pour éviter de les blesser sans que je ne le veuille, même quand quelque chose ne me plaît pas.

Avez-vous une bonne relation avec vos parents?

Avec ma mère, oui, même si ça nous arrive d’être fâché l’un envers l’autre. J’aime beaucoup ma famille maternelle.

Pour ce qui est de mon père et de mon frère, bof.

Comment voyez-vous votre avenir?

J’aimerais atteindre le doctorat (Ph.D.) en linguistique pour avoir la crédibilité et les connaissances suffisantes pour écrire sur le sujet afin de populariser le domaine auprès de la population. Quant à moi, la langue (sous toutes ces formes) est ce qui nous a permis de créer la civilisation dans laquelle on vit, qu’on l’aime ou pas. J’aimerais de plus bâtir un endroit où les gens pourraient venir s’informer et enrichir leurs connaissances de la linguistique, des langues humaines et j’en passe. Ensuite, il y a mes présentations sur le syndrome d’Asperger : j’ai un métier pour la vie, car ça prend du temps avant de modifier les perceptions des neurotypiques!

En somme, je veux surtout travailler à mon compte. Je trouve que les gens auront de plus en plus intérêt à aller vers cette voie dans le monde du travail.  

Trouvez-vous que les gens sont de plus en plus ouverts à la différence, plus tolérants?

Non, pas vraiment.

Trouvez-vous que les autistes sont sous-représentés?

Oui, oui et encore oui

Quelle est l’approche que vous aimez de la part des autres, de quelle façon préférez-vous être abordé?

J’aime quand ils m’écoutent, qu’ils sont honnêtes (mais polis) et qu’ils me disent les choses, comme on dit, quand il est encore temps pour nous deux de modifier des comportements.

Quelles seraient vos souhaits pour les années à venir pour la cause de l’autisme?

J’aimerais simplement que les neurotypiques arrêtent de voir les conditions autistiques comme une maladie et un problème.

Nous remercions Monsieur Couture pour sa participation